Musée du Tabac de Bergerac
A bergerac, au détour de ruelles putrides de chaleurs, à l'ombre ou roucoule le délire caniculaire, ce dresse un temple ou les dragons viennent y mourir, cimetière d'éléphant d'écume et de bruyère.
J'y croise un Cyrano qui dressant les distances de sa protubérance nasale, me dit en passant, "met ta bouffarde au nioufs et garde tes volutes à l'intérieur de ta caboche !"
Stricto sensu, dans ce temple voué à la divinité NICOTANIA TABACUM, on y vit comme dans un doux formol aux relents sirupeux !
Pourtant devant moi, une masse vivante, des corps sauvages, pagnes antediluvien dansent une rythmique qui renverse le monde, le sacre du printemps des ages !
La sulfureuse NICOTIANA TABACUM ce répend dans leurs veines, nourit leur esprit et fait divaguer l'athmosphere qui vacille au rythme des espaces temps syncopés...
Fumer tue la surface des choses, fumer est corosif et ronge la mince pelicule du réel.
Les sauvages achevent leur transe à la lithurgique acide...
et pendant un court instant je suis un faune au regard extatique, je suis une pieta à moi tout seul.
Un concert d'ange roucoulant de la vapeur constitue mes ramures.
Je suis CERNUNOS
jamais plus le reflet de l'horizon dans mon regard