? M E T R O P O L I S ?
J'ai terminé mes examens Lundi dernier, avec le petit pincement au cœur de me dire que c'était la dernière fois.
J'aurais donc d'ici 15jours ma licence d'Arts Plastiques, superbe papier inutile.
Et effectivement jeudi dernier, soit après deux courtes journées de vacances, je
travaille à l'Usine, ou je gaspille mon temps et mon savoir faire, avec l'amère sentiment de n'être finalement bon qu'a cela.
L'usine est le lieu parfait pour mourir douloureusement d'une mort peu héroïque, sans tragédie, tout est fade.
Je n'arrive pas à comprendre ce que je fais la, pour qui, pourquoi.
Moi qui m'acharne à vouloir maitriser mes pinceaux et à y mettre tout mon être
et mon avoir, je me retrouve pire qu'une carcasse anéantie, deux lourd
moignon emballés à effectuer des taches qui ne me concernent pas.
C'est la toute la place que la société s'accorde à me céder, le bagne.
A celui qui maîtrise ces mains, sa sensibilité on lui commande l'avilissement. Pourquoi tant de savoir faire gaspillé, en est il de même pour les autres personnes que je croise la bas, ou n'ont il aucun engagement vis à vis d'eux même et des autres ?
Pourquoi après avoir étudier l'histoire et la théorie de l'Art, je me retrouve au milieux de bouches bavant des suites de mots répugnants.
Il y a tant de choses que j'aimerai pouvoir faire, auxquelles je me suis longuement préparé et je me retrouve malgré moi à faire des taches avilissantes, que personnes ne devrait avoir à faire.
Aucune évolution, aucun intérêt, aucun échange, je suis un engrenage de l'Usine globale qui fait la laideur de nos civilisations.
Le pire dans tout cela c'est que je sais très bien qui sont ceux qui me volent ma place. Tous ces fumistes qui ne savent pas et n'ont jamais essayé de tenir un crayon dignement. Je vous hait tous, je vous tuerai. Bourgeois répugnant, j'aimerai vous voir à votre place, dans vos usines.
J'aimerai tant voir Richard Serra devoir apprendre à souder ces tôles merdiques, mais pas au grand Palais, non non, au bagne pour gagner la misère.
Vendredi dernier, après l'Usine, j'allais donner cours chez une élève, je lui raconte ma situation, et elle me dit " ah c'est bien, ça y est, tu rentre enfin dans la vie active! ". C'est étrange mais moi je me sent plutot comme dans un état de mort passive.
Metropolis, nous y vivons, nous y mourons !
Facteur Cheval, tu es un guerrier ! Plus fort que tous.